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Sans Feuille D'Origine
Sans Feuille D'Origine
  • J'ai créé Sans Feuille D'Origine à l'âge de 11/12 ans, dans la permanence du collège, pour tuer le temps. Par amour des mots, l'écriture automatique se déversait ainsi en caractères noircis, parfois raturés, sur des dizaines de feuilles volantes.
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Sans Feuille D'Origine
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23 avril 2007

Un bout d'étoile

C’est un petit champ de coquelicots pentu où coule une rivière, plus loin. Le ronronnement apaise, l’eau s’écoule, cristalline. Au fond, des galets pâles, gros comme un poing d’enfant et lisses comme la peau d’un nouveau-né.

 Près de là, une petite fille joue, blonde avec de grosses boucles, le ventre potelé, les mains sales de poussière, la robe un peu froissée. Elle connaît la rivière et le champ qui borde son jardin, à quelques mètres de là. La fillette serre dans ses bras un gros lapin blanc en peluche. Elle le taquine, souvent.

 Elle le lance en l’air, le rattrape, rit, le relance plus haut, rit encore, le rattrape à nouveau, le berce. Elle court vite à travers champ, la peluche dans ses bras. Les coquelicots près d’elle sont des petites tâches écarlates.

 Elle court à toute allure vers la rivière. Ses joues sont rouges de plaisir, elle a chaud. Près de la rivière, elle s’essouffle un peu, reprend ses esprits et décide de s’assoir, là, à l’ombre d’un saule, sur la pente, au bord de l’eau. Elle s’allonge, son lapin dans ses bras. Elle lui parle comme à un ami. Doucement, elle lui parle ; les minutes s’écoulent, goutte à goutte, près de l’eau, lit ronronnant. La brise, douce sur sa peau d’enfant, chante dans les branches du saule et l’endort. Elle relâche un peu sa peluche pour mettre son pouce dans sa bouche. Ses joues ne sont plus si rouges. Elle est bien, apaisée.

 Elle n’entend pas le lapin blanc rouler. Elle ne le voit pas, elle dort. Il tombe près de la berge, plonge, doucement, sans un bruit. Il flotte un peu, se gorge d’eau pure. Il semble caresser la surface, tendrement, d’une patte de velours.

 Plus tard, l’enfant s’éveille, s’étire, baignée de la chaleur douce du soleil couchant. Elle bat des paupières, rassemble ses esprits, rit un peu de s’être endormie, comme ça, sans prévenir. Elle cherche sa peluche, tâtonne. Une lueur de panique assombrit son regard quand elle ne la trouve pas. Elle se lève d’un coup, vibrante, tendue comme un jeune bambou. Elle appelle, cherche, tourne, fouille, crie.

 Soudain, elle comprend. L’eau près d’elle ne lui délivre pas son secret, et pourtant, elle sait. Il est là, quelque part, bercé de fraîcheur.

 Les larmes tombent, silencieuses. Elle reste debout, un peu perdue, avant de l’apercevoir, dans le fond, près des galets scintillants d’étoiles. Elle sourie, alors. Il sera toujours là, près d’elle. Des myriades de couleur la chatouillent, éclatent au soleil comme de petits arcs-en-ciel.

 


Pour Yoda, près des étoiles, et pour ma soeur.

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Commentaires
B
C'est vraiment trop beau ce que tu écris!! :)
S
Et puis c'est marrant, tu l'as posté pile poil un an avant la naissance d'Adriel :D
S
Magnifique ce petit texte...
M
comme c'est beaaau!! c'est émouvant!! c'est toi qui écris ces histoires??? biiiises micky
J
Je crois qu'il va falloir que vous arrétiez d'écrire des trucs comme ça si vous voulez un jour que j'arrête d'être émue à en pleurer...<br /> <br /> <br /> C'était un chouette lapin,le Yoda...
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